Ressources humaines : L’insaisissable Monsieur Vidoc

Début 2020, un nouveau collaborateur a intégré notre équipe. Notre DRH a accepté de revenir sur cet épisode. Interview.

Comment avez-vous été mis en contact ?

DRH : En fin d’année 2019, Monsieur Vidoc nous a contactés pour effectuer un stage de fin d’étude dans notre agence. Il sortait d’une année d’université en Chine et était très motivé pour venir travailler en France. Nous avons accepté de le prendre en stage pendant deux mois de janvier à mars. Nous n’avions alors aucune raison de nous en méfier.

Comment s’est passée son intégration ?

DRH : Pour être tout à fait franc, pas bien du tout. Il n’avait pas le contact facile et ne parvenait pas à s’intégrer. Une barrière s’est vite créée entre lui et le reste de l’équipe. Nous en rigolions entre nous, nous nous moquions de lui : “son stage va vite passer ”, “c’est comme une grippe saisonnière ”. Nous avions faux sur toute la ligne.

Comment cela a-t-il évolué ?

DRH : La situation est rapidement devenue problématique. Plus personne ne lui a serré la main, ni fait la bise. Et pour éviter de le froisser, nous avons tous arrêté cette coutume, la tournée des bisous du matin. Entre nous, je dois avouer que ça ne me manque pas. Un jour, il est venu masqué au travail, nous avons trouvé ça étrange, mais c’était sa façon à lui de se distinguer et d’instaurer une certaine distance.

Et au niveau de son travail ?

DRH : Il avait beaucoup d’idées, voulait changer les habitudes, casser les codes. Il ne supportait pas d’entendre des phrases comme “on a toujours fait comme ça « , ça le mettait hors de lui. Déroutés dans un premier temps, nous avons finalement décelé chez lui des idées novatrices et une volonté farouche de nous faire progresser. Force est de constater qu’il apportait un nouveau regard sur nos méthodes de travail, du recul et un franc parler. Il avait besoin de se confronter aux gens pour se développer, propager et éprouver ses théories dans un environnement professionnel. Nous avons alors dépisté des compétences solides chez ce garçon. Etonnamment, grâce à M. Vidoc, nous mettions en place des tests dont les résultats s’avéraient positifs. 

Pourquoi avoir prolongé sa mission à l’issue de son stage ?

DRH : Pour les raisons que je viens de citer. Ses convictions étaient contagieuses, ses idées étaient devenues virales au sein de notre équipe et nous avions besoin de lui pour les mettre en place. Nous lui avons donc proposé un CDD de 6 mois pour aller plus loin et voir ce dont il était réellement capable. C’était début mars.

Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu…

DRH : Non, c’est le moins que l’on puisse dire. Il avait une théorie selon laquelle la présence au travail ne se justifiait que dans certains cas. Adepte du télétravail, il voulait effectuer le maximum de tâches à distance. Nous étions assez réfractaires à cette idée. Un matin, il a placé des barrières devant notre porte d’entrée et nous a forcés à retourner travailler chez nous. Un peu déboussolés, nous avons accepté de jouer le jeu et nous nous sommes vite rendus compte des avantages du travail à distance. L’expérience fut convaincante. Il nous interdisait même de nous rendre en clientèle. Plus de frais de déplacement, ni de restaurant, une réduction de notre impact écologique, une efficience décuplée. 

Tout allait bien alors ?

L’ennui, c’est que ça a duré un peu trop longtemps, il a bloqué l’agence pendant 2 mois, jusqu’au 11 mai. Mais ses barrières, c’était un geste vraiment fort, à tel point qu’aujourd’hui nous alternons la présence en agence et en télétravail. La clé est de trouver le bon équilibre entre les deux, pour que chaque collaborateur puisse s’épanouir et trouver son rythme idéal. 

Quels autres impacts a-t-il eu ?

DRH : Il nous a poussés à revoir nos outils, à repenser nos réunions, à donner du sens à notre métier, à rationaliser nos dépenses. M. Vidoc a provoqué un séisme, avec pour conséquence l’envie de bâtir un modèle de société plus respectueux, plus responsable, plus humain. 

Et qu’en est-il aujourd’hui ?

DRH : Son CDD doit prendre fin prochainement. Cette expérience restera, dans tous les cas, révélatrice pour nous. M. Vidoc a certes été difficile à appréhender, à assimiler dans nos process, un peu dangereux aussi à certains moments, mais nous avons appris à vivre avec. Au final, c’est une grande leçon d’humilité pour nous tous. Nous étions tous confinés dans nos certitudes, il a su nous décloisonner et nous pousser à voir autrement, à changer. Il y aura désormais un monde après M. Vidoc. Et pour la petite histoire, nous portons tous aujourd’hui des masques au sein de l’agence, une façon de lui rendre hommage et de ne pas oublier. 

Merci pour ce témoignage transparent monsieur le DRH !

PS : Toute ressemblance avec des faits….

Protégez-vous et prenez soin de vos proches !

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